Et si Adam et Eve n’avaient pas mangé du fruit de la connaissance du bien et du mal ? Sans doute ne serions-nous pas là aujourd’hui à jeûner pendant vingt-cinq heures pour nous faire pardonner nos transgressions ! Car la raison d’être de Yom Kippour aurait disparu : la réflexion, le retour sur soi pour essayer de tendre vers le bien et nous éloigner du mal. Si cette question semble rhétorique comme celle qui interroge la longueur du nez de Néfertiti, c’est parce que nous savons pertinemment que lorsque l’humanité est née, le libre-arbitre et la responsabilité sont nés en même temps. L’être humain et son archétype Adam est responsable de ses actes et ce n’est qu’à cette condition sine qua non qu’il peut être jugé. S’il n’avait pas goûté du fruit de l’arbre du bien et du mal, on peut supposer qu’il n’aurait pas eu les yeux dessillés et pu discerner la différence entre les deux extrêmes. Ainsi le premier interdit est donné en même temps que la liberté d’obéir ou de se soustraire, et comme chacun le sait, l’individu se détache de son Créateur, son origine, en lui disant « non » et pas « oui », comme le petit enfant qui apprend sa liberté dans les premiers « non », les premières oppositions. Rappelons les faits qui mènent à la première désobéissance du genre humain. (Gen. 2 :15-16) « L’Eternel-Dieu prit donc l’être humain et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le soigner. L’Eternel-Dieu donna un ordre à Adam en disant : tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir, mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras point, car du jour où tu en mangeras, mourir tu mourras ! ». Il aurait été facile d’obéir, vous ne croyez pas qu’Adam et Ève, parents de l’humanité, auraient pu éviter cet arbre ? « Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir », mais l’attrait du fruit défendu est si fort que comme le dit Oscar Wilde : « la meilleure façon de se délivrer d’une tentation, c’est d’y céder » ! Ne soyons donc pas injustes envers nos ancêtres dans un élan de nostalgie pour un paradis perdu ; si nous avions été à leur place, nous aurions certainement fait comme eux ! Mais si la responsabilité est de l’ordre de l’évidence, ce qui l’est moins est la mesure de la conséquence de nos actes. La question qui peut se poser est : avons-nous besoin de menaces pour agir et éviter de mal faire, avons-nous besoin de promesses de récompense pour bien faire ou faire le bien ? Tout système d’éducation est-il nécessairement fondé sur des équations simples, des bonnes ou mauvaises notes de conduite, des avertissements et des tableaux d’honneur ? Si nous constatons l’injustice autour de nous, la souffrance des justes et la félicité des iniques, pouvons-nous pour autant vivre en faisant fi de toute idée de rétribution, de justice immanente ? Peut-on penser le bien et le mal sans être certains de la conséquence de nos actes ?
Revenons au berceau de l’humanité, le jardin d’Éden, peut-être celui de toutes les promesses : lorsque l’interdit est donné de ne pas manger de ets hada’at tov vara l’arbre de la connaissance du bien et du mal, la conséquence de la désobéissance est évoquée par deux petits mots moth tamouth « mourir, tu mourras », dans cette forme d’insistance spécifique à l’hébreu qui répète le verbe et qui pourrait être traduit ainsi : « tu mourras certainement ». Comme si la mort était immédiate, que le fruit était létal. Mais vous le savez, lorsque Adam et Ève mangent de ce fameux fruit, ils ne meurent pas ! Est-ce à dire que Dieu ne tient pas sa promesse ? C’est l’interprétation que la plupart des rabbins veulent éviter, car si nous devons tenir parole, il est difficile de concevoir que notre Créateur ou modèle, comme tout bon professeur ne nous montre pas l’exemple. Que serait un idéal qui ne serait pas à la hauteur de ses propres exigences envers ses créatures ? Que signifie donc ce passage ? Un verset de la fin du chapitre nous éclaire, juste avant l’expulsion du jardin d’Eden : (3 : 22) « Voici l’être humain, dit l’Eternel devenu comme l’un de nous, en ce qu’il connait le bien et le mal, et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l’arbre de vie, ets hahayim, il en mangerait et vivrait à jamais ». La quête de l’immortalité, présente dans de nombreux mythes fondateurs des civilisations humaines va donc s’arrêter aux portes d’Eden. Adam et Eve n’ont pas gouté au fruit de l’immortalité mais bien au fruit de la connaissance du bien et du mal. Adam et Eve ne sont donc pas morts immédiatement et la suspension apparente de l’effet du fruit peut être interprétée de deux manières : soit il s’agit là très subtilement de nous dire que la rétribution parfaite et immédiate n’existe pas, soit la phrase est à comprendre non de manière littérale mais métaphorique. En effet, nous ne sommes pas frappés par la foudre lorsque nous désobéissons à un commandement divin ! Cela peut paraitre ironique comme un mauvais tour d’un magicien qui a beau répéter sa formule magique, les effets escomptés se font désirer et d’autres inattendus et insolites se produisent. Le narrateur de ce passage veut peut-être nous prévenir : vous pensez que certains de vos actes auront des conséquences mais vous ne comprendrez pas la réalité que vous vivez. Et effectivement, combien d’événements dans nos vies restent incompréhensibles, entourés d’un voile de mystère. Nous nous interrogeons sans répit : avons-nous fait ce qu’il fallait ? Nous sommes-nous trompés ? Ressassant le déroulé de nos actions des milliers de fois dans nos têtes comme un film dans une langue à la fois étrangère et inconnue et qui n’aurait pas de sous-titres. Le décodeur de la vie nous manque cruellement ! Nous le saurons plus tard peut-être ou pas du tout. Une belle leçon d’humilité ! Le sens de nos vies nous échappe perpétuellement et continuellement, comme un casse–tête que nous cherchons péniblement à assembler et au moment où nous sommes fiers d’avoir presque réussi, nous nous apercevons qu’une pièce nous reste toujours dans les mains impossible à relier au tout, ou un meuble suédois que nous avons passé des heures à construire et la petite vis, ou cheville restante nous nargue de son savoir que nous n’avons pas, de son mystère à jamais irrésolu ! Et oui, nous crions l’injustice car les efforts, l’honnêteté ou l’humanité ne sont pas toujours récompensés : celui qui a triché a eu une meilleure note, celui qui a méprisé ses collègues a obtenu le poste convoité, celui qui a trompé la confiance de son concurrent a obtenu un contrat plus favorable – autant de petites blessures que nous vivons quotidiennement et qui minent notre idéalisme, contribuent à l’érosion de notre confiance. Faut-il alors se résigner à l’injustice, baisser les bras et abandonner toute idée de bien et de mal ? L’auteur des Psaumes et de nombreux prophètes se livraient déjà à cette constatation « Biferoah reshaim kemo essev les méchants croissent comme l’herbe, vayatsitsou kol poalei aven et les faiseurs d’iniquité fleurissent »(Psaume 92). Et Job, le paradigme biblique de l’innocent qui souffre, dans son cri le plus vibrant se révolte contre son sort immérité. Et puis bien sûr, nous qui sommes dans la génération d’après la Sho’a, sommes secoués par ces questions face aux horreurs innommables que les victimes, réduites au silence ont vécues. Plus que jamais, il est impossible d’affirmer une justice immanente, une rétribution des actes et on ne peut donner raison à R. Ami au IIIème siècle qui avait pu dire : « il n’y a pas de mort qui ne réponde à une transgression, ni affliction sans errements qui la précède (TB, Shabbath 55a), selon la doctrine bien connue de mida kenegued mida, mesure pour mesure. La perpétuation de ce type de pensée aujourd’hui apparait proprement scandaleuse et insupportable ! Elle est malheureusement encore trop fréquente ; elle prend parfois des formes insidieuses, consiste à dire que tout ce qui arrive en ce monde est mérité, que les dictateurs sont des marionnettes dans un projet divin qui nous dépasse et que tout avait déjà été prévu dans la Bible. Ceux qui osent exprimer ces opinions oublient que les soi-disant amis philosophes de Job, qui l’invitent à scruter son passé pour y trouver des justifications de ce qu’ils interprètent comme une punition, sont disqualifiés. Ils ne portent pas l’idéal de l’éthique comme ces êtres bien pensants qui savent toujours mieux que vous ce que vous auriez dû faire dans telle ou telle situation, et qui vous inondent de ces « tu vois », « je te l’avais dit » et « tu aurais dû » comme s’ils étaient les seuls à détenir le secret mystérieux de la vie, qui pauvre de vous, vous échappait totalement ! Heureusement face à R. Ammi, s’insurge R. Meir. Lorsque Moïse dans le midrash a demandé à Dieu de lui expliquer comment fonctionne la Providence, Dieu aurait répondu « Vehanoti eth asher ahon (Ex. 33 :19) je donnerai la grâce à qui je donnerai la grâce », formule énigmatique, sorte de pirouette ou d’évitement comme si cette connaissance là nous était cachée. Un peu le « parce que » exclamatif qui répond au « pourquoi » d’un enfant trop curieux. Et R. Eleazar surenchérit dans le midrash avec cette phrase exemplaire (Deut. Rabba 42) « Après la Révélation, ni le bonheur ni l’adversité ne viennent de Dieu ». C’est la vision de R. Meir et de R. Eleazar qui a inspiré les théologiens libéraux d’après la Shoa, celle là-même qui nous faisait écrire en petites lettres ces mots du second paragraphe du Shema qui assurent d’une récompense si nous suivons les commandements divins et d’une punition si nous nous en écartons ; après les camps, il devenait impossible également de chanter dans le birkat hamazon, bénédiction après la nourriture, le Psaume qui dit : « naar hayiti, vegam zakanti velo raiti tsdik neezav, vezkho mevakesh lekhem, (Ps. 37 :25) j’ai été jeune et j’ai vieilli, et je n’ai jamais vu de juste abandonné ni sa descendance quémander du pain. ». Il ne restait de place que pour des questions sur la responsabilité humaine de ceux qui ont laissé faire et non plus sur le silence de Dieu qui lui aussi aurait été intolérable, si Dieu avait pu intervenir. La mort des six millions de juifs était radicalement injuste et toute explication, toute justification devenait un blasphème. Ainsi les larmes de la Shekhina, de la Présence Divine pouvaient se mêler aux larmes humaines, celles des survivants.
Mais si comme le dit Koheleth (9 :2), l’Ecclésiaste, « tous sont soumis à des accidents pareils ; un même sort attend le juste et le méchant », quel peut être le sens de la désobéissance d’Adam et Eve ? Si l’on ne sait pas quelle est la conséquence de nos actes, faut-il abandonner pour autant toute idée de rétribution ? Faut-il comprendre l’expression de la Genèse « moth tamouth » tu mourras certainement, de manière métaphorique ? Peut-on mourir métaphoriquement ? La mort est une dimension inévitable de notre humanité. Ainsi ce que l’on peut comprendre de l’expérience d’Adam et Eve est que nous la reproduisons sans cesse à chaque génération. Dès lors qu’Adam et Eve consomment du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ils prennent conscience de leur finitude. L’idée de la mort les taraude. Avoir conscience de la mort fait partie de notre humanité. André Neher rapporte les paroles de Rabbi Jacob du traité Avoth (4 :22) (L’exil de la parole, p.207) « une petite heure de cette éphémère vie humaine, mais gorgée d’œuvre – l’emporte sur tout les fatras des béatitudes de l’au-delà. L’œuvre la mitswa, qu’il s’agisse de l’œuvre fulgurante de l’artiste ou du prophète remuant les entrailles du ciel ou de la terre, ou qu’il s’agisse de l’humble coup de pouce donné par le potier à la glaise afin qu’elle soit – l’œuvre ramasse sur elle l’intensité cosmique ». Autrement dit, c’est ici et maintenant qu’il nous faut apprécier chaque instant et ne pas imaginer que la véritable rétribution sera dans le monde à venir. La vie que nous vivons n’est pas la pâle préparation d’une vraie vie de l’au-delà. Nous devons penser chaque seconde dans son authenticité pas dans sa virtualité. Interdiction de se projeter dans un ailleurs réparateur, nous devons répondre à la question de Dieu posée à Adam, lorsqu’il se cache rongé par la culpabilité, ayéka où es-tu, question existentielle et non géographique, par un « Hineni me voici » ! comme l’avait fait Abraham. Nous ne pouvons échapper à notre destin en nous cachant derrière un arbre et nous devons assumer la conséquence de nos choix. C’est cela aussi qui fait notre humanité. Adam et Eve sont donc responsables au moment même où ils désobéissent même si dans un jeu tristement classique Adam accuse sa femme, et Eve accuse le serpent. Ils deviennent conscients de leur finitude. Leur responsabilité prend son sens plein précisément parce qu’ils ne sont pas éternels. Ils doivent répondre de leurs actes dans le temps qui leur est imparti. Ils ne sont pas condamnés à une responsabilité perpétuelle qui dépasseraient le cadre de leur vie, car cette notion de reporter la faute d’une génération à l’autre a été trouvé injuste par l’auteur du Deutéronome (24 :16): « Les parents ne doivent pas être mis à mort pour les enfants, ni les enfants pour leurs parents » ; chacun sera donc responsable de sa faute. Voila donc Adam et Eve responsables et conscients de leur finitude. Comme des enfants qui grandissent, ils perdent un peu de leur désinvolture, de leur innocence. Comme le dit si bien Woody Allen « Etant mortel, je ne peux pas être tout à fait décontracté ». Cette conscience de la mort, nous ne l’avons pas tout le temps, heureusement ! Ce serait vertigineux comme si on marchait sur un fil tendu au-dessus du grand canyon, à la fois époustouflé par sa grandeur sublime et terrorisé par la peur de tomber. Même si la phrase de Nahman de Braslav se fait l’écho de cette inquiétude existentielle, cette lucidité exacerbée n’est pas toujours présence : « le monde est un pont très étroit, kol haolam koulo guesher tsar meod, disait-il, l’essentiel est de ne pas avoir peur ». Lorsque nous prenons un café à une terrasse ensoleillée, lorsque nous voyons deux amoureux s’embrasser, lorsque nous serrons chaleureusement la main d’un ami, nous ne nous disons pas « c’est peut-être la dernière fois ». Le sentiment de la finitude est fugitif, il est exacerbé à ces moments où nous perdons des êtres chers, pendant les fêtes, où ces personnes nous manquent. Mais la plupart du temps, nous cherchons le goût de l’éternité. Nous voulons que tous les instants de bonheur durent pour toujours, nous voulons déjouer le passage du temps et faire un pied de nez à la mort. Quand aux conséquences de nos actes, nous voulons les oublier aussi, vivre dans l’instant et comme le dit Koheleth, l’Ecclésiaste, gouter un bon vin, aimer la femme ou l’homme que l’on aime. Nous savons que la vie est comme ces constructions de morceaux de sucre, si l’un tombe, il provoque des chutes à l’infini ; le monde financier nous l’a assez montré et le midrash avec R. Shimon ben Yohai (Lév. Rabba 4) nous l’avait fait comprendre par la métaphore de celui qui creuse un trou dans une barque transportant de nombreux passagers en pensant qu’il ne le creuse que sous lui, oubliant par la-même responsabilité collective qui lui incombe. Ainsi un acte individuel peut mettre en danger l’humanité, une étincelle peut incendier une forêt, un mot peut provoquer une guerre, un virus informatique paralyser une ville, une découverte scientifique utilisée à mauvais escient peut détruire le monde. Mais pour cela aussi, nous sommes amnésiques et légers, et puis nous ne connaissons pas parfois les engrenages et les fils cachés qui font qu’un acte va en entraîner un autre à l’infini dans le bien comme dans le mal.
Que signifie donc cette consommation de l’arbre du bien et du mal, si d’une part nous ne sommes pas capables de mesurer les conséquences de nos actes et si d’autre part nos actes ne sont apparemment pas rétribués. Rappelons-nous ce que nous dit le texte de la Genèse (3 :7)vatitpakahna einei shenekhem vayedou ki eroumim hem, leurs yeux se dessillèrent et ils surent qu’ils étaient nus ». De quel ordre est cette nudité ? Le prophète Osée 2 : 5, dit « nu comme au jour de sa naissance ». Il s’agit là d’une nudité qui révèle leur fragilité. Ils sont à la fois capables du meilleur et du pire, ils le savent mais cette connaissance est partielle, ils tâtonnent et peuvent à tout moment tomber. Leur discernement consiste à savoir qu’ils ne savent pas et que le monde se présente devant eux comme une grande question sans réponse. Le bien et le mal existent, nous en sommes très conscients et nous savons aussi que nous devons chercher à faire le bien sans espoir de récompense comme l’affirment clairement les Pirkei avoth : « Ne soyez pas comme des serviteurs qui servent leur maître à condition de recevoir une récompense, mais soyez comme des serviteurs qui servent leur maitre sans condition de recevoir une récompense » (Avoth 1 :3) et Ben Azzai d’ajouter « une mitswa entraine une autre mitswa, une transgression une autre (Avoth 4 :2) En d’autres termes, nous pouvons reconnaître que la vie est injuste, que nous n’avons pas de garantie sur la conséquence de nos actes, pas de retour automatique sur investissement, que nous ne comprenons pas tout. Notre sagesse est faite d’incertitudes et malgré tout, nous devons poursuivre la recherche d’un sens et l’accomplissement d’actes de bien. Oui comme le dit Eve, le fruit de la connaissance de bien et du mal est beau à voir et bon à manger. Il nous incite à nous surpasser dans les heures les plus sombres, à chercher l’étincelle de lumière qui nous permettra d’avancer, à apprécier comme un miracle, chaque pas que l’humanité accomplit et qui fait qu’elle se dresse dans une fierté altière. Cette désobéissance originelle nous a permis de grandir, d’envisager la vie comme un questionnement sans fin. Nous devons être reconnaissants à Adam et Eve : les portes du jardin d’Eden se sont refermées sur les certitudes et nous ont permis de dire, af al mi hen, malgré tout, ani maamin, j’ai confiance. La confiance, emouna est le cadeau de Dieu sur le chemin qui s’ouvre devant toute l’humanité, la confiance a en horreur les affirmations criantes et trop sûres d’elles, elle fuit les certitudes, elle vit au rythme des pointillés, des petites lettres rétrécies par leur timidité. Elle prend sa source au gré des hésitations et des espérances, des déceptions et des sourires. Elle s’accroche au loin sur le fil de l’espoir suspendu à l’horizon des peut-être.
Rabbin Pauline Bebe