The difficult happiness of being jewish
Alain Elkann interview of Rabbi Pauline Bebe

Séminaire de La WUPJ auquel Pauline Bebe a participé à Jérusalem


« Dans la tradition juive, la mort ne fait pas l’objet d’un culte »
#10 Pauline Bebe – » On se construit à partir d’une fragilité, mais une fragilité qui peut aussi être une force ! «
Pauline Bebe est la première femme rabbin à exercer en France, ordonnée rabbin à l’âge de 25 ans. Elle fait partie de la Fédération du judaïsme libéral.
Pauline Bebe nous parle de ses 3 outils de travail dans la relation à l’autre : le langage, l’interprétation des textes et la symbolique. Mais également d’un quatrième outil : le simple fait d’être présent, d’être là auprès des personnes qu’elle accompagne.

Le rôle des religions est de mettre en perspective
Pauline Bebe est rabbin de la communauté juive libérale d’Île-de-France. Elle revient sur la master class qui a réuni mardi 8 décembre les représentants des principaux cultes de France sur la question du rôle des religions face aux crises sanitaires dans une république laïque. Une soirée organisée par Sciences Po, dans le cadre du programme Emouna [2], l’amphi des religions.
Marque page – Pauline Bebe, rabbin, autrice le coeur au bout des doigts
Dans ce nouveau recueil de textes, le troisième à paraître dans “Le Souffle de l’esprit” le Rabbin Pauline Bebe, première femme rabbin de France, poursuit l’écriture de brèves chroniques qu’elle appelle des “vignettes”, inspirées d’expériences vécues au quotidien.

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1 – Entretien autour du dernier livre « Le temps d’un nuage » du rabbin Pauline Bebe
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2 – Réaction du rabbin Pauline Bebe aux propos homophobes du grand rabbin Sitruk – en hommage aux victimes d’Orlando
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Article dans le Figaro : le shabbat rock
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AUX MARDIS DES BERNARDINS Juifs et chrétiens face à la Bible : quelle parole en héritage ?
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Donne-nous notre midrach quotidien
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Drasha du 9 janvier 2015 : « Oui, on peut rire de Dieu, de nos prophètes, de nos sages »
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Ḥanouka : le miracle du clair-obscur
- Interview du Rabbin Pauline Bebe à la radio France Inter
- Interview du rabbin Pauline Bebe dans le Progrès de Lyon
- Ma liste des plaisirs, article dans Psychologies Magazine
- Pourquoi la quenelle de Dieudonné ne peut pas être associée à de l’humour
La tradition juive par un jeu de mots associe, le terme metsora à motsi shem ra (TB, Ar. 15b) – la personne affectée par la maladie de tsoraat, une maladie que personne ne peut identifier puisqu’elle atteint les personnes, les maison et les habits – à la personne qui exprime littéralement un “mauvais nom”, qui calomnie.
Cette association provient du récit biblique (Nombres 12 :1) lorsque Miriam, la sœur de Moïse, dit du mal de la femme de Moïse. On ne sait pas ce qu’elle dit mais Myriam est frappée de cette maladie étrange immédiatement après. Il est difficile pour nous aujourd’hui de nous sentir concernés par cette maladie, et en particulier par le fait qu’un certain comportement pourrait entraîner une intervention immédiate de Dieu ; en revanche nous pouvons facilement nous reconnaître dans un commérage ou une mauvaise utilisation du langage.
La tradition juive a toujours insisté sur une bonne utilisation un langage et l’ouvrage du Hafets Haim (Israël Meir Hacohen 1838-1933), intitulé shemirat halashon (1873) est un exemple de l’importance de la littérature sur le sujet.
Jewish Tradition, by a play on words, associates metsora to motsi shem ra (TB, Ar. 15b); the one who is affected by the disease of tsoraat, an disease that no one is able to identify, since it affects people, houses and clothes – to one who utters literally “a bad name,” who slanders. This association also comes from the biblical story (Num. 12: 1) of when Miriam, Moses sister, says something bad about Mose’s wife. We are not told what she says but Miriam is subsequently stricken with this same strange sickness. This disease is not something we might easily relate to today, especially the fact that a particular behavior would cause the immediate intervention of God, but what we can indeed easily relate to is gossiping or misusing our language. The Jewish Tradition has always insisted on the correct use of language, and works, such as Shemirat Halashon (1873° by the Hafets Hayyim (Israel Meir hacohen1838-1933), is but an example of the extensive literature in this domain.
Ce qui m’étonne toujours est que nous nous vivons dans un monde de “mega” communication. Les êtres humains n’ont jamais communiqué si vite, de manière si efficace et sur de si grandes distances. Prenons le simple exemple de cette drasha que j’écris dans un TGV allant de Paris à Tours et dès demain ces mots seront envoyés dans le monde entier aux différents membres de l’Union Mondiale pour le Judaïsme libéral (WUPJ).
What always strikes me as amazing is that we live in a world of “mega” communication. Human beings have never communicated so fast, so efficiently, and over such great distances with the Internet. The mere example of this drasha that I am writing on a TGV speed train, going from Paris to Tours, and by tomorrow these words will be sent all over the world to the different constituents of the World Union for Progressive Judaism.
Oui, nous communiquons avec des textos, des telephones, des blackberry, des ordinateurs, face-book (j’observe mes enfants qui parlent avec 25 personnes différentes au même instant, envoyant des SMS tout en –ils me l’affirment – faisant leurs devoirs de classe) mais d’un autre côté nous ne passons pas plus de temps à nous soucier de l’outil de base du langage : les mots devarim.
Yes we are communicating through text-messages, phones, blackberries, computers, face book (I watch my children talking with 25 different people at the same time, sending sms, listening to music and -they assure me- and doing their homework), but on the other hand, we are not spending any extra time paying attention to the most basic tool of language: words, devarim.
Oui les mots ont exactement le même pouvoir aujourd’hui qu’à l’époque de la Bible. Ils peuvent consoler, ils peuvent blesser, ils peuvent apporter l’espoir ou le désespoir, la joie ou l’anxiété et en particulier lorsque nous écrivons des courriers électroniques.
Yet words have exactly the same power today as at the time of the Bible: they can soothe, they can hurt, they can bring hope or despair, joy or anguish. Because communication is so immediate, we often do not think of the power of words, especially when writing emails.
C’est pourquoi, j’aimerai proposer 10 lignes de conduite, fondées sur notre tradition qui nous aideraient à une utilisation plus éthique d’internet.
Therefore I would like to suggest 10 guidelines, based on our tradition, which could lead us to a more ethical use of the Internet.
1. You shall always reread a message before sending it : Hillel said : « Do not express in unintelligibles words with the hope of being understood later « (Pirkei Avoth 2:5). This might be, by the way, the real meaning of peroshim -pharisees- of whom we are the spiritual heirs of, i.e., « not the ones who are separated but the ones who are explicit !
1. Tu reliras toujours un message avant de l’envoyer : Hillel disait “Ne t’exprime pas en termes intelligibles dans l’espoir d’être compris plus tard (Pirkei Avoth 2 :5). C’est peut-être d’ailleurs le sens véritable du mot peroushim -pharisiens- dont nous sommes les héritiers spirituels, i.e. non pas ceux qui sont séparés mais ceux qui sont explicites !
2. » You shall wait before responding to a message that upsets you; never answer immediately. Ben Zoma says (Pirkei Avoth 4:2) hakovesh eth yitsro » who is the true hero, the one who conquers one’s passion.
2. Tu attendras avant de répondre à un message qui te contrarie ; ne réponds jamais immédiatement. Ben Zoma disait (Pirkei Avoth 4 :2) hakovesh eth yistro : qui est le véritable héros, celui qui sait vaincre ses passions ».
3. Never talk about a third person in an email except for tachles matters (lashon shelishith TB, Ar. 15b)
3. Ne parle jamais d’un tiers si ce n’est pour des questions tachles concrètes (lashon shelishith TB, Ar. 15b)
4. Do not judge someone with out first being in his or her place (Pirkei Avoth 2:5 in the name of Hillel)
4. Ne juge personne sans avoir été préalablement à sa place (Pirkei Avoth 2:5 au nom d’Hillel)
5. Do not transfer an email without the author’s permission. (When someone says something to one’s friend, the latter may not repeat it unless the first give permission TB Yoma 4b)
5. Ne transfère pas un e-mail sans avoir eu la permission de l’auteur (lorsque quelqu’un dit quelque chose à un ami, ce dernier n’a pas le droit de le répéter sans que le premier ne lui donne la permission TB Yoma 4b)
6. Do not circulate an information without having first checked its veracity ( the seal of the Eternel is truth, emeth, TB, shab.55a; Yom.69b ; Sanh.64a)
6. Ne fais pas circuler une information avant d’avoir vérifié sa véracité (“le sceau de l’Eternel est la vérité » émeth TB, shab.55a; Yom.69b ; Sanh.64a)
7. Do not disclose private information (megalé sod TB, Sanh. 31a)
7. Ne révèle pas une information privée (megalé sod TB, Sanh. 31a)
8. Do not openly show images or information that should be kept private about yourself.. Bilam is said to have admired the tents of Israel because their windows were not facing each other, thus guarding each other’s privacy.
8. Ne montre pas publiquement des images ou des informations te concernant qui devraient rester privées. On dit de Bilam qu’il a admiré les tentes d’Israël parce que leurs ouvertures ne se faisaient pas face, préservant ainsi l’intimité de chacun.
9. Do not defame. lashon hara (TB, BM 58b)
9. Ne médis pas lashon hara (TB, BM 58b)
10. Do not be a talebearer. rekhilouth (Lev. 19:6) R. Nehemiah taught : do not be like the peddler, who transports, the words of one to the other and the words of the other to the one » (TJ. Pe 1:1, 16a).
10. Ne colporte pas rekhilouth (Lév. 19 :6) R. Nehemiah a enseigné : ne soit pas comme le colporteur qui transporte les paroles de l’un à l’autre et de l’autre à l’un” (TJ. Pe 1:1, 16a).
We often think that e-mails or text messages are like oral conversation; that once the words are pronounced they disappear, but it is not the case. They stay in the minds of people that have been hurt, and the pain is difficult to erase. A little click can cause a great shock: let us take our time, zeman nakat, let us hurry slowly so that we be motsi shem tov uttering good words, words of good.
Nous considérons souvent les messages électroniques comme des conversations orales, pensant qu’une fois que les mots sont prononcés, ils disparaissent mais ce n’est pas le cas. Ils restent dans l’esprit des personnes qui ont été blessées et la douleur est difficile à effacer. Un petit clic peut causer un grand choc : prenons notre temps, zeman nakat, dépêchons-nous lentement afin de mosti shem tov prononcer de bons mots, des mots de bien.
Rabbin Pauline Bebe
Rencontre avec Pauline Bebe, rabbin de la communauté juive libérale d’Ile-de-France
A l’occasion de son livre la Thora pour les nuls, éditions First
Yankel Fijalkow (Sociologie urbaine et rencontres d’auteurs) a invité Pauline Bebe pour son dernier ouvrage dont le titre m’a surpris « la Torah pour les nuls ». Après avoir publié de nombreux titres évocateurs comme Qu’est-ce que le judaïsme libéral, A l’ombre du tamaris, À la lumière de Ton visage, Le Temps d’un nuage, Le coeur au bout des doigts Pauline Bebe fait œuvre pour les nuls. Qu’est ce à dire ? Et pourquoi ?
Un dialogue où l’on parle de « Parole », « d’interprétation » , de « justice », de sexualité, de communauté et d’universalité.
Le site de Yankel Fijalkow

Les interventions du rabbin Pauline bebe sur Akadem
Interview du Rabbin Pauline Bebe dans l’émission des clics et des claques du 18/12/2013